Interview

Mohamed Lamine Camara, secrétaire général de l’association professionnelle des assureurs de Guinée (APAG), dresse le bilan des reformes apportées depuis sa nomination à ce poste

La restructuration du secrétariat général et à la mise en place d’un système comptable digne de nom, la réintégration dans le cadre de la synergie d’actions entre les membres, deux nouveaux membres que sont : le Fonds de garantie automobile et le bureau national Guinéen de la Carte Brune CEDEAO mais également, la création d’un site web pour plus de visites de l’APAG tout en lui dotant d’un siège moderne regroupant les institutions du marché à l’immeuble ACTIVA à kaloum. Voici en quelques lignes des innovations matérialisées par ce jeune talentueux, pétri de talent, Mohamed Lamine Camara, secrétaire général de l’association professionnelle des assureurs de Guinée (APAG) de 2016 à nos jours, a accordé une interview à linterieur.net pour annoncer les perspectives qu’ils envisagent mettre en place dans un proche délai avec sa hiérarchie .

Lisez !

Linterieur.net : Parlez-nous de l’association  professionnelle des assureurs de Guinée ! (sa mission, son objectif, son mode de fonctionnement,  son organisation ?)

Mohamed Lamine Camara : Merci pour cette question. Tout d’abord sachez qu’il est formé entre les sociétés d’assurances et d’autres sociétés affiliées signataires de notre statut et de toutes les personnes qui adhéreront par la suite, Une association professioonnelle régie par le code des assurances. L’association professionnelle est une institution qui regroupe l’ensemble des sociétés de compagnies de la république de Guinée. Elle a pour mission de prendre en charge les actions jugées globales, les actions jugées collectives du marché afin de les régler. Il ne faudrait pas confondre sa mission à celle de la banque centrale qui est la tutelle, bien que nous sommes indépendants mais, nous pratiquons certaines activités qui sont surveillées par la banque centrale à travers la direction de la supervision des assurances. Et voilà comment, nous sommes organisés ? Au sein de l’association, il y a plusieurs sociétés d’assurances, je peux siéger au sein de l’assemblée que les directeurs généraux des compagnies d’assurances ou des personnes qui ont mandat d’engager la société d’assurances. Et donc les gens sont élus dans le bureau exécutif pour conduire la destinée de l’association. Et chaque deux ans quatre personnes sont élues, ces personnes sont : le président, le premier vice-président, le deuxième vice-président et le trésorier. Et donc, ça c’est le bureau exécutif élu par l’assemblée qui est l’organe suprême et ce bureau exécutif s’appuie sur un secrétariat général que moi, j’ai l’honneur de diriger ; c’est-à-dire c’est la cheville ouvrière.  Et à travers ce secrétariat général, le bureau exécutif qui a mandat de gérer ou de conduire la destinée de l’association fait fonctionner  ces commissions techniques et c’est comme çà nous fonctionnons. Donc à côté de ces commissions techniques : nous avons une commission principale qui est la commission d’éthique et de déontologie qui veille sur le respect strict le contenu des textes des règlements intérieurs et des statuts. Il fait çà en tandem avec une seconde commission qui est la commission juridique de l’association. Voilà comment nous sommes organisés. 

Linterieur.net : Pourquoi les compagnies d’assurance vous choisissent-t- elles immédiatement une fois qu’elles sont confrontées à quelques difficultés ?

Mohamed Lamine Camara : Les compagnies d’assurance passent par moi en ma quantité de patron de la cheville ouvrière de notre association, ayant dans mes attributions la facilitation de la communication entre les membres. Sinon, les problèmes jugés collectifs du marché sont réglés par l’assemblée générale à travers un bureau exécutif mis en place, habilité à la convoquer. Comprenez par-là que, je dois servir d’interface d’abord avant de participer dans les prises de décisions.

Linterieur.net : Vous occupez ce poste secrétaire général de ladite association, il y a combien d’années de cela ? Et Comment comptez-vous positionner l’association professionnelle dans les prochaines années ? 

Mohamed Lamine Camara : D’abord, j’ai été sélectionné à ce poste, suite à un concours organisé dans le secteur guinéen des assurances, à la recherche d’un secrétaire général de l’Association professionnelle des assureurs de Guinée issu de la corporation. J’occupe ce poste depuis le 08 Mai 2016. 

D’abord, j’ai hérité d’un secrétariat évoluant complètement dans l’informel. Pas de comptabilité digne de nom, le salaire des travailleurs très bas (ce qui n’était pas en conformité avec la convention collective des assureurs signée en commun accord entre l’APAG ET la FESABAG depuis avril 2016) ; léthargie et le dysfonctionnement étaient clairement visibles. C’était un véritable défi à relever et pour ça j’avais besoin de relever d’un Bureau Exécutif dynamique dont, les principes de travail étaient basés sur la synergie, l’inclusion et surtout le pragmatisme. Ce qui fut fait avec les efforts des géants du marché (le collectif des directeurs généraux des compagnies d’assurances), qui ont par fin de compte, porté une attention particulière à mes requêtes le 31 Mai 2018, soit deux ans plus tard. 

Depuis cette date de renouvellement du Bureau exécutif, les nouveaux dirigeants de l’association  et moi, avons uni nos forces pour sortir le marché de cette récession profonde qui l’avait presqu’étouffé.  

Comme réalisations, nous avons 

-Nous avons procédé à une restructuration du secrétariat général et à la mise en place d’un système comptable digne de nom. Cela m’a permis de recruter quatre nouveaux travailleurs dont, un comptable à la hauteur de mes attentes. Nous avons  produit le premier bilan d’ouverture 2018 de l’APAG ainsi que son premier état financier à la date 31 décembre 2019. 

-Nous avons réintégré dans le cadre de la synergie d’actions entre les membres, deux nouveaux membres que sont, le Fonds de garantie automobile et le Bureau National guinéens de la Carte Brune CEDEAO.  Désormais notre bureau exécutif était  élargi respectivement au directeur général et au président de ces deux institutions. Notre équipe venait de disposer d’une ressource humaine pour  mieux prendre en charge les besoins garantissant de ses membres et du marché. 

-Nous avons pour plus de visites créer le premier site de l’APAG et lui avons dotée d’un siège moderne regroupant les grandes institutions du marché à l’immeuble ACTIVA à kaloum. 

-En commun accord avec ma hiérarchie, j’ai réussi à faire valider un projet d’unification des attestations d’assurances automobiles qui souffrait déjà de falsification. Cela a permis de donner aujourd’hui à l’APAG et les deux nouvelles institutions membres leurs autonomies financières. Imaginez que l’APAG  vivait de la cotisation de ses membres qui était parfois très difficile et parfois impossible à collecter. 

-Nous avons relancé les commissions techniques ;

-En commun accord avec la BCRG, (l’autorité de tutelle), nous avons eu le décret signé du Président de la république, autorisant désormais en République de Guinée, l’application de l’assurance des marchandises à l’importation, même si jusqu’à présent, ce décret souffre encore d’application ;

-Notre implication dans le règlement massif des sinistres pour le rétablissement de la confiance entre les assureurs et les assurés. Pour ne citer que ceux-là comme réalisations. 

Nous étions maintenant aptes à envisager des projets « marché » tels que :

Au compte des perspectives, ma hiérarchie et moi, envisageons de mettre en place dans un délai proche le Pool TPV et ce, à la reprise normale de la machine économique, c’est à dire après COVID-19 ; 

-Aujourd’hui, suite à l’absence d’une société nationale d’assurance agricole, le manque à gagner au niveau national ainsi qu’au niveau des assureurs et agriculteurs est vraiment énorme. Nous sommes donc sensibles à cette situation et envisageons en tandem avec la BCRG, de créer cette société ; 

-L’Etat guinéen ainsi que les sociétés d’assurances perdent plusieurs milliards de GNF chaque année  par défaut d’une société nationale de réassurance. Le bureau exécutif de l’APAG compte très prochainement se rapprocher de la BCRG, pour finaliser les instances permettant la mise en place de cette société ; 

– Le marché guinéen bien qu’il ne soit pas membre de la zone CIMA, dispose de meilleurs textes dont, les applications strictes lui porteront à des niveaux jamais atteints. Nous disposons de la convention IRA (Indemnisation rapide de l’Assuré), celle-ci devrait nous permettre de résoudre les difficultés liées au règlement des sinistres d’assurances automobiles. C’est pourquoi, la valorisation de cette convention est désormais un défi pour nous ; 

 Il faudrait rappeler, que si depuis 2014, les chiffres caractéristiques du marché guinéen des assurances n’ont pas été transmis à la FANAF, c’est par ce que certaines sociétés trouvent des difficultés à communiquer au secrétariat général de l’APAG, des données indispensables dans la présentation et l’élaboration du rapport statistique du marché conformément aux exigences de cette grande institution panafricaine des assurances. Nous avons déjà engagé des séries de formations dans ce sens et continuerons à les faire afin de relever ce défi ; 

-Aucune institution, quel que soit sa puissance et l’immensité des ressources dont elle dispose, ne peut prétendre évoluer avec une main d’œuvre moins qualifiée. C’est pour ces raisons évidentes, nous préconisons de mettre en place dans le court terme, l’institut des grandes études d’assurances. Cela pourra mieux qualifier les travailleurs du marché. Une relève (les futurs dirigeants et gestionnaires) ça se prépare ; 

-Le manque de communication des professionnels d’assurances, est l’une des causes importantes de la faiblesse de la culture d’assurances en Guinée. La mise en place d’une radio privée pour renverser cette tendance, est aussi un de nos projets à court terme. 

-Nous avons même eu à penser à un projet futur de construction d’une cité d’habitation des travailleurs des compagnies d’assurances. Le projet est énorme mais la volonté y est.

Linterieur.net :Quels seront vos principaux relais de croissance ?

Mohamed Lamine Camara : La réalisation des objectifs SMART est la règle d’or chez moi. 

En plus, je compte bénéficier des avantages qui s’offrent à moi. Je veux citer, l’autonomie financière de notre institution, la qualité de notre ressource humaine et notre ambition de changer l’image de l’APAG

Je m’appuierai sur les principes de travail qu’on a adoptés depuis la mise en place de notre Bureau Exécutif actuel. Vous vous souviendrez dans la 3ème question je citais le Dynamisme, l’inclusion, la synergie et surtout le pragmatisme.

Linterieur.net : Qu’est-ce qui différencie véritablement votre association aux autres associations concurrentes ?

Mohamed Lamine Camara : D’abord notre Association n’a pas de concurrente à la nationale. Nous avons plutôt des institutions semblables tels que : des banquiers (APB) et celle des institutions de micro finances et établissements de crédit. 

C’est aussi avec garde-fous que j’accepte l’adjectif concurrent entre nous et les institutions hors de nos frontières. Nos organisations, la délimitation géographique qui nous sépare et le fait de ne pas appartenir à la même zone ou groupe d’assureurs, laissent à désirer si nous sommes vraiment des concurrents. 

Certaines de la sous-région ne sont plus au stade d’association. Elles sont désormais des fédérations. 

J’accepte l’idée de concurrent uniquement parce que quelque part, nous résolvons tous des problèmes collectifs de nos corporations et vis-à-vis de certaines institutions panafricaines des assurances, nous avons parfois les mêmes devoirs. En plus de ça, pour mesurer l’évolution d’un marché, il faut le faire avec deux types de variables, celles internes (les données du pays) et celles externes pour plus d’efficacité des résultats. Puisque ne pas le faire serait avoir des ambitions limitées. Et d’ailleurs si non la FANAF n’aurait pas existé.

Linterieur.net : N’avez-vous pas quelques ambitions politiques à la longue ? Lesquelles ?

Mohamed Lamine Camara : Oui j’ai des ambitions politiques ! Ce nouveau chemin que je cherche à me frayer m’a été recommandé par plusieurs jeunes leaders de ma commune. Puisqu’en matière de politique il faudrait toujours commencer par quelque part. Ne soyez étonnés de me voir candidat aux élections communales de Ratoma, où même Président d’un nouveau parti politique.

Linterieur.net : Votre message ? 

 Mohamed Lamine Camara : La période que nous traversons, je ne peux que véhiculer des messages de quiétude sociale et de paix. 

La Guinée à l’instar des autres pays traversent une période très difficile liée à la pandémie COVID-19. Tout le monde est en train de payer le prix. Les ménages sont gênés dans leurs activités ainsi les entreprises et l’Etat. 

C’est pour cela je conseille l’Etat d’adopter une politique qui consiste à vivre avec cette maladie comme tant d’autres, sans en mourir. C’est dangereux de le dire selon certains mais ça la réalité. 

Je demande à la population de respecter les mesures préventives contre la covid-19 édictées par les spécialistes de la santé, quant à l’Etat de veiller en leur application stricte ! 

Il n’est pas un secret pour personne qu’aujourd’hui, la tension politique est très élevée. Donc les acteurs politiques doivent mériter d’être leaders. La population doit être très vigilante. La nation doit primer sur tout. 

Je profite de cette occasion pour adresser mes condoléances à toutes les familles touchées par la pandémie COVID-19 ainsi qu’à  toutes celles qui ont perdu des personnes dans les différentes manifestations politiques. 

On dit le plus souvent que : «  La solidarité est la tendresse des peuples ».  Moi je dirai que : «  la beauté de toute nation est l’unité et la beauté de cette unité est l’uniformité ». Cela veut dire tout simplement : ensemble, dans le pardon et l’acceptation, nous pouvons, si nous voulons et nous écoutons.

Propos recueillis par Aly Camara (+224) 623503585