Mais Protais Mpiranya, le fugitif le plus recherché du Rwanda pour son implication présumée dans le génocide de 1994, a été confirmé mort.
Jeudi 12 mai, les procureurs des Nations Unies enquêtant sur l’affaire à La Haye ont annoncé qu' »à la suite d’une enquête difficile et intensive, le Bureau du Procureur a déterminé que Mpiranya était décédé le 5 octobre 2006 à Harare, au Zimbabwe ».
Accusé de crimes de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, le major hutu Mpiranya était considéré comme le plus important des six fugitifs restants inculpés par l’ancien Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).
Protais Mpiranya était accusé, avec d’autres, d’avoir fait tuer le Premier ministre hutu modéré Agathe Uwilingiyimana le 7 avril 1994.
C’était aux premières heures du génocide qui a causé la mort de 800 000 personnes, principalement des Tutsis – ainsi que d’une dizaine de casques bleus belges chargés de sa protection et de plusieurs personnalités politiques de premier plan.
La veille au soir, l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana a été abattu alors qu’il s’approchait de l’aéroport international de Kigali.
Le président revenait d’une réunion régionale à Dar es Salaam où il avait accepté de mettre en place les institutions de transition prévues par les accords d’Arusha, censées mettre fin à une guerre civile entre les autorités hutues de Kigali et une rébellion tutsie en 1993.
Créer un vide politique –
Le matin du 7 avril 1994, Protais Mpiranya et deux autres responsables militaires « ordonnent à leurs subordonnés (…) d’aller à la recherche du Premier ministre, Agathe Uwilingiyimana, afin de la tuer », écrit le procureur du TPIR dans l’acte d’accusation .
Le corps profané de Mme Uwilingiyimana, la première femme à avoir occupé ce poste, a ensuite été exposé, nu, à la vue des passants.
plusieurs personnalités et hauts responsables politiques favorables aux accords d’Arusha ont ensuite été assassinés.
L’objectif était de « créer un vide politique et de faire échouer la mise en œuvre des accords d’Arusha », selon l’accusation.
- Volontairement caché » –
En 1991, alors que l’armée rwandaise combat les rebelles du Front patriotique rwandais (FPR) dirigé par l’actuel chef de l’Etat Paul Kagame, il est transféré au bataillon de la garde présidentielle. Deux ans plus tard, Mpiranya a été promu commandant de cette unité.
Après la fin du génocide en juillet 1994, il entame un long voyage d’exil qui le mènera dans plusieurs pays africains.
Selon la presse zimbabwéenne et des informations au Rwanda, il a ensuite été envoyé au Zimbabwe pour travailler pour les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), composées en partie d’anciens génocidaires et accusées d’exploiter des minerais dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).