La justice guinéenne qui juge Moussa Dadis Camara et une douzaine de co-accusés pour le massacre du 28 septembre 2009 a décidé lundi de le maintenir en prison pour la durée de son procès et de rejeter son placement en résidence surveillée.
Le tribunal a rejeté toutes les autres demandes formulées par les avocats de la défense à l’ouverture de ce procès historique le jour anniversaire du 28 septembre.
Elle a décidé que les audiences sur le fond de l’affaire et l’interrogatoire des accusés pouvaient commencer.
Le parquet avait incarcéré les prévenus encore libres à la veille du procès, dont le capitaine Camara, qui vivait en exil au Burkina Faso et était revenu quelques jours plus tôt.
Les avocats de l’ancien autocrate ont contesté sa détention, et demandé soit sa libération, soit son placement en résidence surveillée, invoquant le « respect » dû à un ancien chef d’Etat.
Les avocats d’un autre des principaux accusés, le lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité, alias « Toumba », ancien chef de l’unité de protection de Moussa Dadis Camara, ont demandé l’évacuation sanitaire de leur client, emprisonné depuis 2016 et malade selon eux. Il est apparu très faible à l’ouverture du procès.
Le président du tribunal, Ibrahima Sory Tounkara, a répondu lundi qu’en vertu du code de procédure pénale, les accusés devaient être détenus la veille de leur procès et que la mesure d’assignation à résidence n’était applicable qu’aux détenus étrangers.
Quant à Aboubacar Sidiki Diakité, il « n’a fourni aucun document médical à l’appui de sa demande d’évacuation sanitaire », a-t-il précisé.
Le tribunal « rejette la demande de libération des prévenus, d’assignation à résidence de Moussa Dadis Camara et d’évacuation sanitaire d’Aboubacar Diakité dit Toumba », a-t-il indiqué.
Elle « ordonne l’ouverture de la procédure sur le fond ».
Le capitaine Camara et une douzaine d’anciens responsables militaires et gouvernementaux sont accusés d’une litanie de meurtres, viols, tortures et pillages commis lors de la répression d’une manifestation de l’opposition le 28 septembre 2009 et les jours suivants.
Au moins 156 personnes ont été tuées et des centaines blessées et au moins 109 femmes ont été violées, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.