La candidature du Général Mamadi Doumbouya ne surprend personne, au regard de tout ce qui se passe dans la cité, la puissante machine de campagne du CNRD est mise en branle. Aujourd’hui on constate une prolifération des mouvements de soutien, une adhésion presque totale du monde des artistes qui rivalisent d’ardeur dans les louanges au Président de la République. Sur le plan médiatique, il y a une forte agression des populations qui se voient submergées et envahies par les effigies et sketchs du chef de l’Etat. La RTG n’est pas en reste ce puissant médium diffuse avec dextérité les tubes et reportages qui mettent en exergue les actions réalisées ou en cours de réalisation des nouvelles autorités.
Comme par le passé, cette méthode qui englobe l’administration et l’ensemble des cadres dans le combat pour la conquête du pouvoir a toujours abouti. Il n’y a aucun doute pour l’issue de cette candidature car tout semble préparé et harmonisé pour donner le pouvoir par les urnes au Général Mamadi Doumbouya. En fait le chef de l’Etat est un guinéen qui jouit de tous les droits comme tout autre guinéen. Et personne n’a jusque-là oublié la liesse populaire qui l’a accueilli à sa prise de pouvoir, malgré le temps il continue toujours à jouir de cette popularité en dépit quelques réticences.
Il est temps de faire une analyse du passé politique du pays qui est pavoisé d’une maladresse excessive des politiciens de l’opposition. Depuis la première République l’attitude de cette classe a conduit à la radicalisation du régime en place, ce qui a mené au concept de complot permanent dont le point culminant a été l’agression du 22 novembre 1970. Avec l’avènement du CMRN on a plutôt pensé à un changement de comportement malheureusement, les vieilles habitudes ayant la vie dure, les pratiques ont conduit à la radicalisation de la junte au pouvoir. Et alors tout a été mis en branle pour ouvrir la voie de la conquête du pouvoir au Général Lansana Conté pour 24 longues années.
La seconde transition n’a pas failli à la tradition de l’opposition qui a monté les enchères pour amener le CNDD à la radicalisation et la conséquence a été inexorablement les massacres du 28 septembre 2009. Le gouvernement qui a été démocratiquement élu en 2010 avec l’avènement du Pr. Alpha Condé a fait l’objet d’un harcèlement, d’une agression quotidienne, de la culture de la haine, de la violence à travers des provocations entrainant des réactions parfois maladroites des forces de défense et de sécurité prises entre le sentiment de défendre et se défendre. Des dizaines de militants ont été sacrifiés à l’autel des ambitions personnelles de politiciens et des dizaines d’agents de sécurité ont été tués et d’autres blessés ou handicapés à vie.
La presse a été mise à contribution pour un véritable lynchage médiatique contre le régime en place à travers des émissions interactives acerbes, de discrédit pour abreuver les populations de mensonges et de contre-vérité. Il faut avoir le courage de le dire, l’opposition a ambitionné l’arrivée des militaires au pouvoir après les putschs au Mali. Certains ne cachaient plus leur admiration pour les militaires maliens, leur bravoure et leur patriotisme. C’est dans ces conditions qu’interviendra le coup d’Etat du 5 septembre 2021 quia été vivement salué par l’opposition au point où de nombreux hommes politiques ne se sont pas gênés de manifester leur joie pour le renversement du Pr. Alpha Condé.
Comme il fallait s’y attendre, après la lune de miel entre les nouvelles autorités et l’opposition, l’attitude des uns et des autres a changé. Toujours dans sa maladresse à poser les problèmes, l’opposition est retombée dans ses travers avec des prises de position souvent équivoques qui mettent en exergue son égocentrisme étriqué pour le pouvoir et non la défense des intérêts de la République. La radicalisation du CNRD ne s’est pas fait attendre car, imbu des réalités qui ont nuit drastiquement à l’ancien régime, il s’est vu dans l’obligation de museler les libertés de rassemblement pour éviter le chaos dans la rue, fermer les médias pour mettre fin aux émissions radiotélévisées interactives incitatrices à la violence.
Si l’opposition avait agit de manière responsable en plaçant à l’avant leur patriotisme, en évitant l’incitation à la haine et à la violence, le pays n’allait pas se retrouver dans cette situation. Aujourd’hui elle se voit émasculée, ridiculisée au point de voir une implosion dans nombreux partis en son sein. En vérité l’opposition est responsable de la radicalisation du CNRD qui veut mettre fin à la ritournelle comportementale des opposants et mettre fin au cycle de violence et de haine qui freine le développement national.
Si aujourd’hui la candidature du Général Mamadi Doumbouya est subtilement annoncée, il faut savoir qu’il n’agit pas en parjure comme le pensent certaines personnes mais pour sauver le pays du chaos qui s’annonce au lointain. Les leaders d’opinion que sont les hommes de foi, la presse nationale, l’administration et les citoyens engagés pensent qu’il faut éviter cette confrontation car dans le passé cela a été possible et la Guinée a survécu. Le manque d’unité entre les opposants divisés pour la conquête du pouvoir a entrainé la création de deux clans : les pour et les contre CNRD.
On dit que la nature a horreur du vide l’opposition a refusé de participer au dialogue ce qui a été une grosse erreur de sa part. Elle devait y prendre part pour apporter sa part de contribution aux débats mais, en refusant sa participation, elle donne libre cours à la volonté des autres de les exclure du débat national. Quand l’opposition ne se contente qu’à dénoncer, quand elle n’innove aucune stratégie pour rassurer le peuple de son combat, il va sans dire que les populations qui vivent les affres de la misère et de la pauvreté n’hésiteront pas d’ouvrir les bras au plus offrant. Il faut trouver autre chose que les violences ou la confrontation physique, il y a des idées, des méthodologies et des pratiques qui peuvent restaurer le processus démocratique. Mais au jour d’aujourd’hui rien ne semble évident de la part de cette opposition qui ne croit plus en ses forces et qui est désunie que jamais.