Après dix ans d’exil à l’étranger, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a touché terre jeudi après avoir reçu l’autorisation de revenir du gouvernement de son rival de longue date, le président Alassane Ouattara.
Après avoir descendu les marches menant à la piste, Gbagbo s’est dirigé vers un véhicule qui a ensuite été entouré de foules alors qu’il se dirigeait vers la ville.
Les tensions entre la foule en liesse et les forces de sécurité étaient élevées, des gaz lacrymogènes étant utilisés pour disperser les personnes venues saluer Gbagbo près de l’aéroport.
Gbagbo a réussi à se frayer un chemin dans la frénésie des partisans via des véhicules lourdement blindés jusqu’au siège de campagne de son parti politique à Cocody – où il a exprimé sa joie d’être de retour en Côte d’Ivoire sur la mère patrie.
« Je suis content d’être de retour en Côte d’Ivoire et en Afrique. Parce que (inaudible) je sais que je suis ivoirien mais en prison, je savais que j’appartenais à l’Afrique, toute l’Afrique, toute l’Afrique m’a soutenu (inaudible) ainsi que mon peuple, la plus grande partie de l’Afrique.
» Il y a dix ans, Gbagbo refusait d’admettre sa défaite lors d’une élection présidentielle au leader actuel Ouattara.
Sa résistance à la démission a déclenché des mois de violence qui ont coûté la vie à plus de 3 000 Ivoiriens et ont abouti à son extradition vers la Cour pénale internationale de La Haye en 2011.
Après une attente de huit ans avant son procès pour crimes de guerre, un juge l’a acquitté en 2019, affirmant que les procureurs n’avaient pas réussi à prouver leur thèse.
Le verdict a fait l’objet d’un appel mais a été confirmé fin mars, ouvrant la voie à Gbagbo pour quitter la Belgique, où il avait passé les deux dernières années.
Alors que des milliers de personnes célèbrent son retour, ses opposants soutiennent qu’il ne devrait pas être accueilli par un homme d’État. Certaines personnes ont même manifesté mercredi devant la résidence de Gbagbo à Cocody.
Certains observateurs se demandent quel impact son retour aura sur la stabilité politique du pays.
D’autres victimes et opposants estiment qu’il devrait être traduit en justice en Côte d’Ivoire pour les violences électorales de 2010.
On ne sait pas dans l’immédiat si l’ex-président de 76 ans cherchera à réintégrer la politique.
Néanmoins, jeudi a surtout été un jour de liesse pour les partisans de Gbagbo, qui ont longtemps soutenu que ses poursuites étaient injustes et motivées par des considérations politiques. L’ex-président a recueilli près de 46% des voix en 2010 et maintient une solide base de partisans.