Les manifestations ont repris jeudi à Conakry pour protester contre l’arrestation de trois dirigeants d’une coalition politique et de la société civile influente qui ont maintenant été inculpés après de précédents affrontements qui ont blessé 17 policiers.
Les policiers ont été blessés, dont un grièvement, après de violentes manifestations mardi et mercredi suite aux interpellations.
Les affrontements qui ont commencé mardi soir ont connu une accalmie plus tôt jeudi avant que des manifestants armés de pierres et de bâtons n’affrontent à nouveau la police dans plusieurs banlieues de Conakry, obligeant les magasins à rester fermés.
Les précédents heurts avaient éclaté dans la banlieue de la capitale lors de la manifestation contre l’arrestation de membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC).
La coalition FNDC s’était élevée contre l’ancien président Alpha Condé, renversé en septembre dernier par une junte militaire.
Cette semaine, les manifestants ont brûlé des pneus, dressé des barricades, renversé des poubelles et lancé des projectiles sur les forces de l’ordre, qui ont tenté de les disperser à coups de gaz lacrymogène.
Les manifestations ont été parmi les premières contre l’administration du dirigeant militaire Mamady Doumbouya, qui a pris le pouvoir après le coup d’État.
Les trois dirigeants du FNDC étaient Mamadou Billo Bah, le rappeur Alpha Midiaou Bah alias Djanii Alfa et le coordinateur national de la coalition Oumar Sylla.
Ils ont été saisis lors d’une conférence de presse et
des partisans se sont plaints que Sylla et Bah avaient été battus et que leurs vêtements avaient été déchirés par des policiers.
- ‘Remarques insultantes’ –
Les trois hommes sont arrivés jeudi devant un tribunal pour comparaître devant un juge.
L’un de leurs avocats a déclaré qu’ils comparaîtraient pour le procès vendredi.
Il y a eu une condamnation politique généralisée des arrestations et des méthodes utilisées.
Selon les procureurs, Sylla et Bah sont accusés d’avoir « produit et diffusé… des propos insultants » en ligne contre le Conseil national de transition (CNT), un organe législatif nommé par la junte pour adopter des lois en attendant le retour à un régime civil – officiellement prévu dans trois ans.
Le rappeur, Alfa, avait récemment critiqué des propos tenus par le président de la CNT, avant d’être menacé d’arrestation par le parquet, selon son avocat.
La junte au pouvoir avait interdit en mai toute manifestation publique avant la prochaine campagne électorale qui pourrait être interprétée, selon elle, comme une menace à l’ordre public.
Le FNDC avait initialement appelé à des manifestations pour le 23 juin, mais a indiqué qu’il était prêt à donner au gouvernement de transition une « chance » de lancer un projet de dialogue.
Cependant, leur patience s’est brisée après une rencontre avec les autorités que le FNDC a qualifié de « parodie ».
La semaine dernière, les chefs de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont réunis à Accra, la capitale du Ghana, pour évaluer les efforts visant à obtenir des garanties pour le rétablissement d’un régime civil en Guinée ainsi qu’au Burkina Faso et au Mali.
Mais la junte a refusé d’accepter un médiateur de la CEDEAO tandis que le président de l’Union africaine et président sénégalais, Macky Sall, a qualifié d' »impensable » la période de transition de 36 mois pour restaurer la démocratie.
La Guinée est actuellement suspendue des organes du bloc des 15 nations.